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Le 7e pays le plus riche au monde est-il en train de disparaître ?

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Une étude publiée par le World Wild Fund for Nature (WWF) estime à 24.000 milliards de dollars la valeur de la richesse océanique. Sa production annuelle s’élèverait à 2.500 milliards de dollars, ce qui place les océans au septième rang mondial des économies les plus riches, derrière la Grande-Bretagne et devant le Brésil.

Mais la dégradation par l’homme des actifs naturels, notamment la surpêche menacent le moteur économique marin dont sont tributaires la vie et les revenus de nombreuses populations. Quel manque de clairvoyance ! On reproche parfois aux hommes politiques une absence de vision à long terme, de privilégier les réformes et les mesures à effets immédiats. Les chefs d’entreprises sont-ils davantage visionnaires ?

La lecture du rapport publié ce jeudi par le World Wide Fund for nature (WWF) et réalisé par le Boston Consulting Group (BCG) et le Global Change Institute de l’Université du Queensland (Australie) semble indiquer le contraire. Intitulé “Raviver l’économie des océans : plaidoyer pour l’action 2015″, ce rapport apporte de nombreux enseignements.

Un patrimoine estimé à 24.000 milliards de dollars

Il fait une première estimation de la valeur des océans et des mers du globe en calculant le Produit Marin Brut annuel de la même manière que le PIB national. Ses calculs aboutissent au résultat suivant : chaque année, les océans auraient une production de biens et services dont la valeur s’élèverait à 2.500 milliards de dollars, les hissant à la septième place des économies mondiales, derrière la Grande-Bretagne, mais devant le Brésil.

La valeur globale de leur patrimoine est encore impressionnante. Elle est évaluée à 24.000 milliards de dollars, un montant que le rapport estime sans doute très inférieur à la réalité, du fait des difficultés rencontrées pour quantifier de nombreux services écosystémiques fondamentaux, précise le rapport.

Une valeur jugée également sans commune mesure avec celles des plus grands fonds souverains. La valeur du fonds de pension gouvernemental norvégien – le plus puissant au monde – s’élève à 893 milliards de dollars.

Ce patrimoine se décompose ainsi : la production directe (stocks halieutiques, mangroves, récifs coralliens…) est estimée à 6.900 milliards de dollars, le commerce et le transport à 5.200 milliards de dollars, la production des littoraux à 7.800 milliards de dollars, l’absorption du carbone à 4.300 milliards de dollars.

C’est en quantifiant la valeur annuelle produite par les océans du globe et celle du patrimoine correspondant que nous pouvons pointer du doigt les vrais enjeux aux plans économique et environnemental. Ce que nous espérons, c’est que cela amène les dirigeants d’entreprise et les décideurs politiques à prendre des décisions plus raisonnables et plus avisées pour façonner l’avenir de notre économie océanique commune “, déclare Douglas Beal, associé au BCG.

La Méditerranée fait vivre 1,7 million de personnes

Ainsi, à titre indicatif, le rapport cite l’exemple de la seule mer Méditerranée qui, selon Giuseppe Di Carlo, le directeur de l’Initiative Méditerranée Marine du WWF ” s’impose comme un patrimoine crucial pour les pays côtiers ». « Le tourisme maritime et côtier représente à lui seul, plus d’un tiers de l’économie maritime en Méditerranée, génère une valeur d’environ 100 milliards d’euros et emploie 1,7 million de personnes », poursuit-il.

Et pourtant. En dépit des recommandations sur la nécessaire préservation de la planète et de ses océans, bien que ” la valeur de la production économique annuelle des océans dépend à plus des deux tiers de la santé du patrimoine océanique ” précise le WWF, ces actifs se dégradent à vitesse grand V.

Le grand public est bien informé

Les menaces les plus graves sont bien connues du grand public. La situation est trop grave pour être seulement débattue par les seuls experts : l’effondrement des stocks de poissons, la déforestation des mangroves, la disparition des coraux et des herbiers sont les principaux dangers qui planent sur les océans.

Lors de la Journée de la Terre, mercredi et à moins de huit mois de la conférence de Paris visant à conclure un accord pour limiter à 2°C la hausse du thermomètre mondial par rapport à l’ère pré-industrielle, Barack Obama, le président des États-Unis – le deuxième pays qui émet le plus de gaz à effet de serre – a tenu à rappeler l’urgence de combattre le réchauffement climatique.

L’océan encourt davantage de risques aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de notre histoire. Nous prélevons trop de poissons, rejetons trop de polluants, réchauffons et acidifions l’océan au point que les systèmes naturels essentiels vont tout simplement s’arrêter de fonctionner “, annonce Ove Hoegh-Guldberg, l’auteur principal du rapport et directeur du Global Change Institute.

Le changement climatique, la plus grave menace

Concrètement, le changement climatique fait partie des premières causes du déclin de la santé océanique. ” Les études incluses dans le rapport montrent qu’au rythme de réchauffement actuel, les récifs coralliens, qui procurent alimentation et emplois à plusieurs centaines de millions de personnes et en assurent aussi la protection contre les tempêtes, auront complètement disparu en 2050. Au-delà du réchauffement des eaux, le changement climatique induit une acidification océanique dont la résorption s’étalera sur des centaines de générations humaines “, explique le rapport qui dénonce également la surexploitation des réserves halieutiques.

Il constate ainsi que 90 % des stocks mondiaux de poissons sont surexploités ou pleinement exploités. Le thon rouge est particulièrement menacé. Sa population s’est effondrée de 96 % depuis que l’espèce est pêchée. Autre indication de la dégradation des ressources océaniques, l’Indice ” Planète vivante marin “, un indicateur de l’état de la diversité biologique mondiale basé sur les tendances suivies par plus de 900 espèces marines de mammifères, d’oiseaux, de reptiles et de poissons a chuté de 39% entre 1970 et 2010. Si rien ne change, le pire est à venir.

Si le réchauffement climatique se poursuit au même rythme qu’actuellement, les récifs coralliens auront complètement disparu en 2050. Or, ils procurent ” alimentation et emplois à plusieurs centaines de millions de personnes et en assurent aussi la protection contre les tempêtes “, martèle le WWF qui pointe une autre menace : le changement climatique induit une acidification océanique dont la résorption s’étalera sur des centaines de générations humaines.

Or, comme le précise le rapport, ces menaces ” mettent en péril le moteur économique marin dont sont tributaires la vie et les revenus de nombreux humains sur Terre “. On ne peut être plus clair.

Un plan en huit actions

Pour inverser le cours des choses, le rapport propose un plan en huit actions. Les premiers points de l’agenda des Nations unies pour l’après-2015 en fixant pour priorité de trouver des solutions à la destruction des habitats, la surpêche – 61,3% des stocks halieutiques mondiaux sont complètement exploités et 28,8% surexploités -, la pêche illégale et la pollution marine.

Outre la réduction drastique des émissions de carbone, le WWF plaide pour que les pays dépassent l’objectif actuel consistant à protéger et à gérer efficacement au moins 10% des zones côtières et marines d’ici 2020, en portant cette proportion à 30 % à l’horizon 2030.

Point peut-être le plus important, pour gérer efficacement ce problème qui concerne la plupart des pays de la planète, le WWF estime impératif de créer des mécanismes internationaux de négociation et de collaboration pour en assurer la gestion durable. ” À cet égard, la formation d’une « Alliance Bleue » entre pays maritimes concernés permettrait de se saisir du problème et de définir un corpus d’actions rapides et complètes au nom des océans “, précise le rapport.

La Tribune


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